Pour comprendre quand la vigne a pris racine au Pallet, il faut se tourner vers le passé. Ici, comme dans le reste du vignoble nantais, l’introduction de la vigne remonte à l’Antiquité, probablement à l’époque gallo-romaine (Ier au IIIe siècle après J.-C.). Les textes anciens, mais aussi les découvertes archéologiques, permettent de reconstituer une partie de cette histoire.
Les Romains sont connus pour avoir diffusé la viticulture à travers leur empire. Dans la vallée de la Loire, les conditions naturelles étaient déjà favorables : des sols riches, un climat tempéré avec l’influence de la Loire et du Sèvre nantaise, et des coteaux bien exposés. Plusieurs indices laissent penser que cette région n’a pas échappé à l’engouement des Romains pour le vin. Des traces de structures viticoles anciennes ont été retrouvées non loin du Pallet, confirmant que la culture de la vigne s’y est implantée très tôt.
Si les Romains ont planté les premières vignes, il faut attendre le Moyen Âge pour voir la viticulture véritablement s’enraciner dans le paysage du Pallet. Cette période marque un tournant pour le vignoble de Nantes, et cela tient en grande partie aux monastères.
Les moines, et notamment ceux des abbayes de Saint-Florent-le-Vieil et de Vertou, ont joué un rôle clé dans la diffusion de la vigne. Les monastères possédaient des terres autour du Pallet et s’attachaient à cultiver la vigne, non seulement pour produire du vin de messe, mais aussi pour son usage commercial. Le vin produit dans nos contrées commençait déjà à voyager, notamment par les voies fluviales comme la Loire. On raconte que l’Église était exigeante sur la qualité, contribuant ainsi à l’amélioration progressive des pratiques culturales.
Au fil des siècles, les vignes du Pallet ont accueilli différents cépages. Bien avant que le melon de Bourgogne (le cépage qui nous donne aujourd’hui le muscadet) ne domine, d'autres variétés locales étaient cultivées ici. Malheureusement, peu de traces écrites détaillent ces cépages anciens. On sait néanmoins que les cépages noirs étaient largement cultivés, car leur vin était très demandé dans les régions du Nord de la France et même à l’étranger.
La domination du melon de Bourgogne a commencé bien plus tard, au XVIIe siècle, lorsque les terribles gels ont frappé la région, décimant une grande partie des vignes. Ce cépage rustique, tolérant au froid, a alors été massivement planté, car il garantissait une production régulière malgré les hivers rigoureux.
Comme partout ailleurs, le vignoble du Pallet a traversé des périodes difficiles, notamment au XIXe siècle, avec l’arrivée du phylloxéra. Cet insecte dévastateur a anéanti une grande partie des vignes européennes, et la région nantaise n’a pas été épargnée. Cela a nécessité une reconstitution complète du vignoble, souvent grâce à des porte-greffes américains, une étape cruciale pour la survie de notre activité viticole.
Le XXe siècle a, lui aussi, été riche en évolutions. La production s’est modernisée, et la qualité des vins du Pallet n’a cessé de progresser. En parallèle, l’appellation Muscadet Sèvre-et-Maine, créée en 1936, a permis de mettre en lumière le terroir unique de notre région, dont le Pallet est un fier représentant. Le sol y est particulièrement varié : schistes, micaschistes, gneiss ou encore granits, offrant une richesse organoleptique unique à nos vins.
Quand on parle du Pallet en 2023, impossible de ne pas penser à la vigne. Le village et ses alentours vivent au rythme des saisons viticoles : la taille hivernale, les labours de printemps, les vendanges à l’automne... C’est un savoir-faire vivant, ancré dans notre quotidien et dans nos âmes.
Le paysage ici est indissociable de la viticulture. Pourtant, derrière chaque rang de vigne se cache une véritable histoire, une passion pour ce terroir qui, depuis l’époque des Romains, n’a cessé de nous inspirer. La vigne au Pallet n’est pas qu’une culture agricole : elle est une partie intégrante de notre identité.
Alors, depuis quand cultive-t-on vraiment la vigne au Pallet ? Les premières racines remontent à plus de deux millénaires, mais la vigne ici ne cesse de se réinventer. Ce qui frappe, c’est que toutes les générations qui se sont succédé, des Romains aux moines, des anciens vignerons d’antan à nous, ont su préserver cette précieuse tradition.
Si le passé est riche d’histoires, notre avenir se bâtit chaque jour dans les vignes du Pallet. C’est ce mélange d’héritage et d’adaptation que nous essayons de transmettre ici, à travers ce blog mais surtout, dans nos bouteilles. Et vous, qu’avez-vous ressenti la dernière fois que vous avez levé un verre de vin du Pallet ? Une gorgée suffit souvent pour se reconnecter à cette histoire millénaire.
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