Avant même que l’appellation muscadet ne devienne synonyme de ce terroir, la famille Clisson était déjà à pied d’œuvre. Installée dans la région dès le XVIIIe siècle, cette lignée de vignerons a joué un rôle important dans la structuration des domaines viticoles. Leur travail a énormément influencé le développement de ce que l’on appelle aujourd’hui le muscadet de Sèvre-et-Maine.
Une anecdote revient souvent dans les familles de vignerons : l’arrière-grand-père Clisson aurait dû replanter intégralement son domaine après la crise du phylloxéra au XIXe siècle. Ce fléau, qui a balayé les vignes d’Europe, a été vécu de manière particulièrement dramatique dans la région. Mais au lieu de baisser les bras, il a investi dans des innovations pour reconstituer le vignoble, notamment avec l’utilisation de porte-greffes américains. À ce jour, les Clisson comptent parmi les producteurs les plus respectés du Pallet.
Les Mouzillon, quant à eux, ne sont pas que des vignerons. Ce sont des "chercheurs de terroir". Depuis plusieurs générations, ils se sont imposés comme de véritables gardiens du sol et des cépages autochtones. Leur philosophie repose sur un principe simple mais fort : respecter la terre avant tout.
La famille est à l’origine de travaux pédagogiques majeurs auprès des vignerons du Pallet, organisant des ateliers sur les sols granitiques, si typiques du vignoble local. Lors d’une conférence organisée dans les années 1980, un membre de la famille a expliqué : "Un bon vin commence par une bonne écoute des sols. Si vous laissez parler la terre, elle vous dira quoi faire."
Leurs efforts portent leurs fruits : plusieurs de leurs parcelles sont aujourd’hui reconnues pour leur qualité exceptionnelle, et leur nom demeure une référence locale.
Si les Clisson et les Mouzillon sont des figures historiques, les Gautreau représentent une génération plus récente, mais tout aussi influente. Ils se sont installés sur une partie des coteaux du Pallet au début des années 2000 et se sont très vite fait remarquer par leur approche innovante.
Leur philosophie repose sur trois axes principaux :
Leur muscadet, vif et légèrement iodé, est devenu en quelques années une référence, décrochant des médailles dans des concours régionaux. Ce qui fait la particularité des Gautreau, c’est aussi leur capacité à raconter leur travail à travers un prisme moderne. Grâce à une forte présence sur les réseaux sociaux, ils attirent un public plus jeune, pas forcément familier du vignoble nantais.
Bien sûr, il n’est pas question d’oublier toutes ces familles anonymes, qui n’ont pas forcément fait de bruit, mais sans qui le vignoble n’aurait pas la même âme. Des petites exploitations transmises de père en fils ou de mère en fille, souvent sur des générations, et qui consacrent leur vie à la vigne.
Ces familles ont su tenir bon face aux crises, qu’il s’agisse de la concurrence internationale, des ravages climatiques, ou des périodes de surproduction qui ont marqué le XXe siècle. On pense à ces exploitants qui, chaque matin, arpentaient les coteaux humides sous une brume typique du Pallet, ou à ceux qui participaient solidairement à la taille des vignes des voisins en cas de coup dur.
Qu’elles soient anciennes ou récentes, toutes ces familles nous rappellent une chose : le vin n’est jamais une œuvre individuelle. C’est l’addition de milliers de mains, guidées par des siècles de savoir-faire, qui donne naissance à chaque millésime. Leur attachement à la terre, au climat, aux traditions et à l’innovation font de ce petit village un point d’ancrage essentiel pour le muscadet nantais.
Il est précieux de les évoquer, non seulement pour célébrer leur contribution, mais aussi pour comprendre qu’au-delà des noms, la véritable héroïne reste la vigne elle-même. Elle nous relie, au passé comme à l’avenir. Et nous, ici au Pallet, on continuera à écrire cette histoire, génération après génération.
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